Résumé

Cette histoire est racontée par les protagonistes eux-mêmes avec lesquels Aït, la benjamine, a mené des entretiens. Il y a tout d’abord Ibticem, la mère kabyle née en 1927, qui, à soixante-dix ans, fait le récit de ses souvenirs d’enfance durant la colonisation française des années vingt. Elle évoque la vie quotidienne dans son petit village de Kabylie situé dans le Djurdjura. Ses mots simples décrivent une existence humble et une tradition faite de bon sens au sein d’un peuple où les relations sont marquées par la générosité et le partage. Avec nostalgie, elle raconte les rapports avec sa famille empreints d’amour. Elle se remémore la famine de 1944, son mariage avec un homme fou et violent. Elle se relèvera chaque fois sous les coups de celui-ci, grâce à l’héritage d’une éducation patriarcale qui la portera jusqu’à sa mort et envers laquelle elle sera à jamais reconnaissante.
En 1952, Ibticem quitte malgré elle la Kabylie. Avec ses trois filles encore petites, elle devra s’adapter à une vie parisienne dont elle ignore tout. Elle parle de l’exil, de sa condition de femme dans le quartier de la Goutte-d’Or. Dans cet isolement total, elle sera soutenue par les missionnaires d’Afrique rentrés en France tandis que les événements d’Algérie évoluent vers une guerre devenant chaque jour de plus en plus inévitable.
Trois autres enfants naîtront à Paris avant le départ pour la banlieue proche de Paris en 1955, tandis que les aînées seront placées par les services sociaux ne pouvant les laisser sous la responsabilité d’un papa malade. Elles racontent à leur tour leurs souvenirs dans ce Paris des années cinquante au sein de familles d’accueil.
La guerre d’Algérie rendra le racisme envers la famille encore plus virulent. Sur les bancs de l’école, chacun subira la haine, le rejet, le tiraillement entre deux cultures, fruit des rapports tendus entre la France et l’Algérie.
Au décès de son mari, en juin 1962, Ibticem se retrouvera seule avec ses huit enfants quelques jours avant l’Indépendance.