Bobo, un ami à moi, joue au foot tous les jeudis soirs avec ses copains. Mais, chaque semaine, il galère pour composer son équipe. Certains ont piscine, d’autres solfège… d’autres piscine ET solfège, un autre a prêté la voiture à sa femme, un autre est immobilisé pour cause de foulure du gros orteil…
Enfin bref, chaque semaine, le Bobo a bien du mal à trouver des joueurs volontaires.
Il en est même réduit à recruter chez les copains de son fils (il a cinq ans son fils). Et chaque semaine, le Bobo lance un appel à joueurs désespéré sur Facebook. (NDLR : je vous vois venir, eh non ! « désespéré » reste au singulier, car ce ne sont pas les joueurs qui sont désespérés — enfin… pas totalement — mais l’appel de Bobo !) Et chaque semaine, en bonne copine que je suis, émue par tant de détresse, je lui propose ma candidature. Mais, chaque fois, je suis recalée !
« TU NE TIENDRAIS PAS LA DISTANCE… » a-t-il fini par me balancer ce matin sur Facebook ! Et moi, déçue d’avoir investi pour rien dans une paire de crampons tout neufs, je lui rétorque tout de go : « Comment ça, je ne tiendrais pas la distance !?… non mais… tu m’as jamais vue sur un terrain de squash… et j’ai fait quinze ans de danse classique, môa, mooooosieur ! »
Voilà qu’il m’explique que mon problème c’est que… je ne tiens pas l’alcool ! Eh oui, voilà, le mot est lâché : je ne tiens pas l’ALCOOL !
Je sais à présent pourquoi je ne suis jamais conviée aux soirées foot du jeudi soir !
Ah ça, pour la troisième mi-temps, ils sont toujours assez nombreux ! Là, pas besoin de chercher de volontaires. Ils sont tous partants ! Certains essaient même d’esquiver l’effort en arrivant sur le terrain alors que le « match » est déjà bien entamé (et pas que le match…) à quelques minutes du coup d’envoi… de la troisième mi-temps. D’autres viennent jouer avec une petite longueur d’avance… sur la troisième mi-temps !
Je comprends mieux pourquoi il y a tant de blessés le jeudi soir au foot. Au bout de quelques grammes, la motricité n’est plus très fine ! Du coup, au fil des semaines, l’équipe ne se résume plus qu’à une bande de bras cassés où seuls les valides (ou les semi-valides) jouent, tandis que les autres s’entraînent… à l’apéro. Par contre, jamais de tendinite au coude ni au poignet dans l’équipe ! Toujours bien souple le poignet !
« Vous n’avez qu’à passer direct au comptoir sans passer par la case je-fais-semblant-de-courir-un-peu-sur-le-terrain ! » ai-je suggéré à Bobo. Il a eu l’air un peu irrité quand même le Bobo !
Bein quoi ? Moi, ce que je voulais, c’était juste voir ce que ça faisait de « préparer son sac » pour aller au foot comme on fait son baluchon pour aller à la guerre. Et me retrouver dans la nuit noire et glacée sur un terrain à demi verglacé ! Moi aussi, j’aurais bien aimé faire des roulades en me tordant de douleur après une passe décisive ! Et puis, prendre une bonne douche bien chaude avec les collègues avant d’aller boire une bonne binouze bien fraîche !
Il croyait quoi le Bobo ? Que j’allais venir jouer en Louboutin ?
Il croyait peut-être que j’aurais gardé mon sac à main en plein tire-au-flanc (ou « coup franc », j’sais plus…). Ou bien que je serais venue uniquement pour espionner mon homme !
« Je ne TIENDRAI PAS LA DISTANCE, la distance, la distance, la distaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaance » m’a dit Bobo ! (Je fais bien l’écho de la voix de Bobo, là ?)
Alors ce soir, comme d’habitude… Toute seule, j’irai me coucher…. Dans ce grand lit froid comme d’habitude… Mes larmes, je les cacherai… Comme d’habitude… Comme d’habitude tu rentreras… Comme d’habitude je t’attendrai… Comme d’habitude tu te déshabilleras… Comme d’habitude tu te coucheras… Comme d’habitude… tu me réveilleras car… TU AURAS ENCORE PRIS TES PIEDS DANS LA DESCENTE DE LIT ! (d’une voix un peu hystéro !)
Moralité : Mesdemoiselles… si vous ne voulez pas passer votre jeudi soir toutes seules… Si vous ne voulez pas que votre mec vous file entre les doigts, juste pour quelques brunes et blondes bien fraîches (ou plus très fraîches, voire chaudes, ça dépend !). EN-TRAÎ-NEZ-vous… à boire ! Car si vous n’apprenez pas à tenir l’alcool, vous ne ferez JAMAIS partie d’une équipe de foot… masculine !
Une dernière chose. Faites comme moi, offrez-vous une paire de talons à crampons… des fois que votre boyfriiiiiend vous inviterait à l’accompagner au foot ! On peut toujours rêver…
(Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant réellement existé n’est pas du tout fortuite !)
Au fait, vous en pensez quoi de mes chaussures de foot à talons ?
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© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com