Le blues du touriste-man

Le blues du touriste-man

Ils ont secoué pour la dernière fois leur serviette pleine de galets, rameuté leur progéniture et quitté la plage. Cette fois, ça y est. Ils repartent, les touristes. On commençait à peine à s’habituer à eux que déjà ils s’en retournent dans leurs contrées éloignées. Ça va faire vide…

Elle n’aura plus la même saveur la glace de la rue piétonne obtenue au prix de coups de coude, d’un orteil écrasé ou d’ongles enfoncés dans le bras d’un enfant… ou d’une personne âgée. À quoi bon désormais aller sur les plages désertes ?Décidément, ce ne sera plus pareil sans eux. Ils prennent tant de place (dans nos cœurs).

Bon, avouons tout de même que c’était agaçant de devoir slalomer en permanence autour des grumeaux de touristes pour pouvoir circuler en ville. On n’a pas que ça à faire, nous, les gens du coin ! On bosse, nous, pendant qu’ils se font dorer la pilule. On ne va tout de même pas attendre deux heures qu’ils aient terminé de lorgner sur les beignets aux pommes dans les vitrines alors qu’ils n’ont même pas encore fini leur glace.

Comment ça, nous les gens du coin, on est en vacances toute l’année ?

Et dire qu’on va encore avoir droit à des travaux tout l’hiver pour refaire les trottoirs usés par les traînées de tongs.

Et puis, c’était trop stressant de circuler en ville avec tous ces touristes toujours prêts à se jeter sous nos roues. Car ça traverse n’importe où un touriste et n’importe quand. Tout ça pour ne pas être en retard à la plage. Pour peu qu’on en ait écrasé un ! On ne l’aurait vraiment pas fait exprès. Allez expliquer ça au juge. Ça m’étonnerait qu’il vous croie. Notez, ce ne serait pas la première fois qu’un touriste se ferait écraser par un automobiliste poussé à bout. Pourtant, un touriste, dans une région touristique, c’est un peu comme une vache sacrée. Une vache à lait ? Non…, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !

On commençait même à s’attacher à eux…, même s’ils mettaient des papiers gras partout et qu’ils se lavaient les pieds dans nos fontaines. Mais, après tout, c’est normal qu’ils fassent comme chez eux, puisqu’ils ne sont pas chez eux !

Ce n’est pas grave, l’été prochain, on ira faire les touristes en région parisienne ou dans le Nord.

On critique, on critique, mais n’empêche que c’est facile à vivre, un touriste. Un rien le divertit : un bal, un feu d’artifice. Un rien le nourrit : un pan-bagnat, un panini, une glace, un beignet, une frite. En fait, on est jaloux, car eux ils repartent tout bronzés, alors que nous, les autochtones, à la fin de l’été on est tout blanc à force d’avoir fui les lieux à touristes !

Mais avouons que sans les touristes, l’été ne serait vraiment plus pareil. Heureusement qu’ils sont là pour nous rappeler que c’est les vacances. Allez, revenez, revenez, reveneeeeeeeeeeeeeez… On ne vous en veut pas !

Au fait, vous partez où en vacances l’été prochain ?

© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com

 

RédacNet
1Commentaire
  • Oui, on aimerait bien avoir un coin tranquille et rester peinard, mais sans les gens en vacances, on se sentirait isolé et l’ambiance ne serait plus la même.

    Le blog de Sophie

    20 novembre 2013 à 13 h 59 min

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