Cinq femmes vivent dans un moulin… non loin de Gordes, dans le Lubéron, l’un des plus beaux villages de France au charme pittoresque, situé à trente-huit kilomètres d’Avignon. Mais, ne vous fiez pas à ce décor idyllique. Nous sommes bien loin, dans L’affaire Ada Cross, de la lumineuse et joyeuse Provence de Pagnol. L’atmosphère de ce huis clos familial et policier est pesante, en cet hiver pluvieux de la fin des années soixante-dix, et dissimule un drame sordide…
Katia Verba signe, avec L’affaire Ada Cross, sa dixième pièce de théâtre, au casting essentiellement féminin… à une exception près : un énigmatique détective privé, au charme à mi-chemin entre l’inspecteur Columbo et le comte Joffrey de Peyrac, débarquant un soir de l’hiver 1974 au moulin, la propriété de la famille Cross, comme un cheveu au milieu de la soupe ou comme un malheureux dans un nid de vipères. Ces femmes, décidées à laver leur linge sale en famille, vont lui donner bien du fil à retordre.
Katia nous offre de très beaux portraits de femmes de toutes les générations. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles vont parler chiffons ! Ce serait mal connaître l’auteure. Ou alors, il s’agit de vieilles dentelles… qu’elles auraient sans doute bien voulu enfouir au fond d’un coffre dans le grenier jusqu’à la fin des temps. L’arsenic étant distillé, pour notre plus grand plaisir, sous forme de reparties ironiques et cinglantes qui font mouche, où l’on retrouve la patte de l’auteure. Autant de répliques vachardes qui fusent et viennent détendre l’ambiance délicieusement oppressante de L’Affaire Ada Cross ; qu’on aurait, d’ailleurs, bien envie de noter dans un coin de sa tête histoire de les offrir à notre meilleure ennemie !
Des personnages féminins charismatiques et hauts en couleur tels que Katia sait les camper. Une mère tyrannique préférant les animaux aux êtres humains, aussi aimable avec les siens qu’une gardienne de prison. Deux sœurs radicalement différentes qui se lancent plus volontiers des piques que des fleurs. Une gouvernante et une belle-sœur qui en savent plus, apparemment, que tous les autres membres de la famille. Bref, tout ce joli petit monde se déteste bien cordialement. Mais, quand il s’agit de sauver sa peau et sa réputation, l’entente règne et les secrets de famille sont bien gardés…
Katia Verba nous entraîne, comme chaque fois, dans un scénario à rebondissements et lorsque l’on croit que le mystère est enfin dissipé, à peine quelques minutes avant que le rideau rouge ne tombe, elle joue encore avec les nerfs de ses personnages (et les nôtres) et donne le coup de grâce !
Bravo Katia pour cette pièce et vivement la prochaine !
La Libertine côté jardin, la nouvelle pièce de Katia Verba… à siroter sans modération ! ICI.
© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com
moijedis
Katia a démontré depuis de nombreuses années un indéniable talent dans l’écriture de pièces de théâtre dans le registre, notamment, de « l’affaire Ada Cross ». Ce dixième texte ne déroge nullement à ce qu’elle produit habituellement. Je recommande vivement « l’affaire Ada Cross ». Par ailleurs, Katia Verba est une femme ouverte à toutes les formes d’écriture, pourvu que le talent y soit. Abordable avec de réelles qualités relationnelles, Miss Verba séduit tout naturellement.
Karen Platel
Merci Moijedis pour votre témoignage, que je rejoins complètement. Katia a une approche très scénaristique, je trouve, de l’écriture théâtrale. J’aime cette atmosphère de thriller psychologique, qu’on retrouve également dans son premier roman La Maudite de Valognes. Il y a, en même temps, dans ses pièces, un second aspect qui s’inscrit dans la tradition du vaudeville, de la comédie légère avec quiproquos, malentendus, rebondissements inattendus et humour qui confine souvent à l’ironie mordante au détour des dialogues. Son univers est à la fois sombre et léger, contemporain et atemporel. Bref, on ne s’en lasse pas !
verba
Merci infiniment pour vos critiques. Toujours agréable à lire. Sourire.