Ce soir, tupperwares et gobelets en plastique seront de sortie. Pour la Fête des voisins, ce sera « open bar » et buffet garni. Profitez-en. C’est la copropriété qui régale ! Quiches, pichades, cakes, cacahuètes, Curly, merguez, salades composées, chipos, chips, taboulés et autres TUC seront à l’honneur. Du « fait avec amour », parce que nos voisins le valent bien ! Pas besoin de cartons d’invitation, ça se passera dans le hall ou dans la cour de l’immeuble. On pourra même y aller directement en chaussons. C’est pratique, dès les premiers signes de fatigue ou effets secondaires de la sangria, un petit coup d’ascenseur et hop, retour à la maison.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette institution française, la Fête des voisins, c’est un peu comme une soirée hype, mais pas tout à fait. Ce soir, ce sera du « 100 % fait maison » (pas forcément selon les normes d’hygiène et de sécurité alimentaire de la méthode HACCP). Mais c’est offert de bon cœur et c’est tout ce qui compte ! En guest-star, la vieille dame du rez-de-chaussée, un peu de marmaille surexcitée qui courra dans les escaliers en pyjama, et plein d’invités surprises. Un melting-pot générationnel. Une vraie soirée à la Michel Drucker, où les invités franchiront un à un… le seuil de l’immeuble ! Soirée glamour en perspective. Il paraît même qu’il y aura Cathy et David… pas les Guetta… ceux du cinquième.
Pas moyen d’échapper à la Fête des voisins : on passe forcément par le hall de l’immeuble pour rentrer chez soi. À moins de couper par les sous-sols… Il faudra tout de même fournir une bonne excuse en cas d’absence. Ou alors ce sera « soirée camouflage » à la maison, dans le noir, afin d’avoir l’air de ne pas être là.
Tout de même, quelle idée d’avoir créé une fête pour nous donner la possibilité de sympathiser avec nos voisins, alors que toute l’année on s’ingénie à les éviter ! Qui n’a pas un jour attendu que son voisin de palier ait refermé sa porte, histoire de ne pas avoir à lui dire bonjour ?
Ne soyons pas mauvaise langue, tout de même. Certaines personnes (âgées ?) attendent la fête des voisins avec la même impatience que le thé dansant du dimanche après-midi. D’ailleurs, ça fristouille déjà depuis deux jours dans les chaumières. Ça sent la quiche aux poireaux dans les couloirs. Ah… la Fête des voisins… Une bonne occasion pour s’échanger des recettes et se faire copine avec Odette, Georgette, Ginette et Jocelyne ! (Enfin, tout dépend de la moyenne d’âge de votre copropriété.)
Et puis, ça peut être utile un voisin pour rendre de menus services. Alors, autant entretenir avec eux une entente cordiale. En tout cas, il vaut mieux être ami, qu’ennemi avec ses voisins. Mais voilà, c’est ça le problème : ils sont quoi pour nous, les voisins ? Ce ne sont pas des collègues de travail, ni des membres de la famille, ni des amis… On ne leur doit rien, mais on se doit, malgré tout, de cultiver des relations de « bon voisinage », alors qu’ils ne sont RIEN pour nous. Ils font partie des murs… mais ils font tout de même partie de notre vie…
La Fête des voisins, c’est enfin l’occasion de savoir qui vit à côté de chez nous et d’obtenir mine de rien des infos ! Le « beau gosse » du premier, qu’on voit toujours tout seul, est-il encore sur le marché des célibataires ? Qu’est-il arrivé à la dame du troisième dont la voiture ne bouge plus du parking depuis deux mois ? Quel métier fait le voisin de palier qui a l’air louche ? On va enfin pouvoir dissiper le mystère et tenter de percer à jour les petits secrets de nos voisins. Parce que, finalement, les voisins ont une double vie. Celle dans l’immeuble… et celle… à l’e x t é r i e u r ! Au fait, hier, j’ai vu la voisine. Elle sortait du supermarché avec plein de paquets. À mon avis, elle reçoit du monde ce week-end…
Mais, finalement, est-ce que ce n’est pas cela aussi qu’on aime chez nos voisins : leur petite part de mystère ? On imagine leur vie. On sait qu’ils sont là, mais on ne les voit pas. Enfin… des fois on les entend. (Et ça suffiiiiiit !!!) Alors, tâchons de préserver le mystère, car après la Fête des voisins, rien ne sera jamais plus comme avant. On sera obligé de dire bonjour, d’avoir une petite phrase aimable en réserve, voire de faire un petit brin de causette. Attention, donc, de ne pas trop sympathiser durant la Fête des voisins, au risque d’avoir à le regretter dès le lendemain à la boîte aux lettres en croisant le voisin à qui on a raconté tous les déboires de notre vie conjugale entre deux chips et trois cacahuètes !
La Fête des voisins, c’est aussi l’occasion de se montrer sous son plus beau jour et de faire un peu de « relationnel » histoire de prouver qu’on est beaucoup plus sympa que son conjoint ou que les autres voisins. À l’issue de la soirée, on décidera quels voisins on aime, et quels sont ceux qu’on ne peut vraiment pas encadrer. Monsieur pourra, dans un élan de pure convivialité, faire monter sa cote de popularité et proposer une visite collective de sa cave à vin. (Au risque, par contre, qu’on visite sa cave quelques jours plus tard, sans lui, cette fois !)
La Fête des voisins, ça peut être l’occasion de régler ses comptes. D’ailleurs, certains n’y vont que pour ça. « Chéri, il faut absolument qu’on aille à la fête des voisins. Il faut qu’on organise une pétition contre le jeune du dessus qui nous casse les oreilles tous les soirs avec son djembé ! »
Finalement, qu’est-ce qu’on se raconte à la fête des voisins ? Des histoires de copropriété, bien sûr ! C’est aussi l’occasion de faire le point sur tout ce qui ne va pas dans l’immeuble. En fait, c’est un peu comme une réunion de syndic, version pissaladière.
Et vous, vous y allez à la Fête des voisins ? Ou bien vous vous planquerez chez vous, toutes lumières éteintes ? Allez, à moi vous pouvez bien me le dire ! C’est promis, je ne le dirai pas à vos voisins. 😉
© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com
brigitte
On sent le vécu ! Il est vrai que la vie en appartement favorise ce genre de « fête », j’imagine que cela doit être sympa, mais est-ce que j’irais ? J’ai connu la fête du « gardien » parce que c’était sa fête, à Antibes pendant les vacances, je trouvais ça bien, et il est vrai que comme nous n’étions là-bas que pour quelques semaines, les gens nous regardaient en se demandant qui étaient ces trois « étrangers » qui s’invitaient à « leur fête ». Je me souviens que c’était très long, on était debout pendant des heures, les hommes près de la poubelle remplie de sangria, et les femmes à surveiller que les enfants ne se perdent pas dans la nuit … Je me rappelle d’un gâteau qui m’avait surprise, moi qui sais à peine faire cuire un œuf, justement ce gâteau ressemblait à un cake, au milieu duquel se trouvait un œuf ! je n’ai toujours pas compris comment cette dame pouvait faire ça ! en plus il était très bon ! Peut-être font-ils la fête des voisins à présent, je vous parle des années 90, le gardien a pris sa retraite, la dame au gâteau est décédée, et nous avons vendu le studio…
brigitte
Etrange description de cette fête du gardien ? Nous avons aussi vécu une fête du gardien à Antibes, je me souviens du gâteau avec l’œuf à l’intérieur, de la poubelle de sangria, que c’était très long … que le gardien avait droit à son cadeau parce que c’était son anniversaire etc. Peut être y étions nous ensemble ????? Nous étions nous aussi trois vacanciers !!! et nous avons aussi revendu le studio !
Ici pas de fête des voisins et c’est aussi bien ! Comme le dit Karen, je dis bonjour à mes voisins et ceux qui ne me regardent pas, j’en fais de même.
Karen Platel
Ah… l’incontournable poubelle remplie de sangria (déclinable à volonté) ! Et puis, tout le défilé de quiches, salades de riz, de pâtes, le taboulé, la traditionnelle salade niçoise (!), sans oublier les cakes, les friands à la saucisse, etc. Du fait maison avec amour, parce que nos voisins le valent bien !
zelassi
Moi, pas de fête des voisins, je n’ai pas besoin de fête pour leur dire bonjour ou leur faire la bise si je les connais bien, ceux qui ne veulent pas me parler, c’est comme ils veulent, pas d’hypocrisie le jour de la fête des voisins, j’ai mes petites mamies avec qui je discute de tout et de rien, je m’inquiète de leur santé, elles savent que mon mari et moi nous sommes là si elles ont besoin, pas besoin de faire une fête.
Wolff
Super l’article!!! Bon perso, la fête avec les voisins c’est tous les jours 🙂 et oui on a tout mis en œuvre depuis deux ans pour sortir les mamies boire un thé, café, jus de fruit à notre terrasse ! Pour créer un climat de confiance avec les différentes cultures, et sans oublier les personnes dépressives! Voilà <3
Delphine
« Fête des voisins », « fête de quartier » ou « immeuble en fête » à vous de choisir! L’ idée de renforcer les liens de proximité pas si mal quand on sait pourquoi (pour qui!) elle a été créée reste à savoir si les principes y ont réellement été respectés…
solidarité? Je doute que mon voisin de gauche ne vienne me porter secours si je me fais agresser par ma factrice exacerbée de m’attendre à la porte du portail! Exacerbée tout cours de devoir faire signer une recommandation… Pauvrette on dirait même qu’elle n’a pas choisi son métier… (ça sera un autre sujet n’est-ce pas karen?!)
Sentiment d’appartenance à un même quartier? J’ai du mal à croire que ceux de droite aient, le visage entre leurs jambes, seulement vu la couleur de mes cheveux!… Roux…. oui roux c’est tellement banal et inaperçu dans un paysage….
Mobilisation contre l’exclusion ou l’isolement? Ouuuhhh là ça reste un peu plus compliqué! Pensez-vous vraiment que ce genre de sujet sois abordé dans une fête de ce genre? Je soupçonne surtout un moyen de manger et de faire « la fête » à 2 pas de la maison. Bien plus facile de trouver son lit à 2 pas de la maison au pire on dormira dans celui de la jolie brune célibataire du rez-de-chaussée…en tout bien tout honneur… Plutôt qu’un moyen de régler ses comptes…
Pour ma part je me situe plutôt dans le 3ème paragraphe… sauvage, « sosa » (prononciation « sossa! » attention) comme me surnomme ma grand-mère, en patois espagnol. Mais chuuuut je ne suis pas sensée le savoir… ça reste entre nous…. franchise quand tu nous tiens…
Bisous MA Emily Petrol…
moijedis
Toujours aussi excellent ! Karen, tu parviens admirablement bien à nous faire entrer dans l’univers que tu dépeins avec justesse, ironie, humour mais surtout vérité. Pour ce qui concerne la Fête des voisins : ni pour, ni contre… Initiative intéressante où « l’acteur » se livrera à un sans faute, au risque d’aggraver sa situation 🙂
larriviere
Un bon moment de détente à la lecture de ta chronique , toujours en plein dans le mille avec des vérités enrobées d’humour……. tout ce que j’aime !!!!
J’ai du pot et pas de sangria, mes voisines étaient l’une chez son fils, l’autre chez sa fille et moi avec mon chéri on a fait un apéro que tous les deux et ça avoisinait la perfection…
caroline
comme on a déménagé ,en presque 40 ans, sept fois nous avons notre lot de voisins entre immeubles et maisons. La grande majorité de notre vie entourée de voisins a été plus que positive, l’ambiance très bonne et conviviale et même dans certains cas cela a débouché sur des amitiés qui ont traversé le temps. Des actions communes, des moments agréables. Bien sûr tout n’est pas rose parfois, disons que nous avons eu de la chance, et que peut être aussi le fait de sourire d’être aimable, à l’écoute arrondi beaucoup d’angle; et tout ceci sans avoir besoin d’une fête des voisins