Ginette, 55 ans, est gardienne de camping sur la Côte. En chaussettes dans ses sandales, elle s’épile à la va « Veet ». Mais elle a le sens de l’accueil, Ginette…
À deux touristes parisiens, fraîchement débarqués dans son camping : « Vous, les Parisiens, avec vos airs supérieurs, vous vous croyez tout permis. Vous nous prenez vraiment pour des bouseux, nous les provinciaux ! Quand on voit certains endroits de Paris, ce serait plutôt vous les bouseux ! »
Sans doute, l’ardente féminité de Ginette s’était-elle rebellée croyant avoir affaire à deux tantes (à force d’en voir partout dans son jardin, des tentes). Ils ne l’étaient pas (tantes) mais auraient pu le devenir, car Ginette, à la dernière minute, avait décidé qu’ils dormiraient à deux dans la même tente ! Par la suite, nos deux tourtereaux se sont d’ailleurs crus obligés de rassurer Ginette quant à leur virilité en défilant tous les soirs avec une demoiselle différente. (C’est l’un de ces soirs-là que j’ai bien sympathisé avec eux.)
Pleine de bonne volonté, pourtant, Ginette avait veillé à leur fournir un emplacement cosy pour y installer leur tente : « Y a un coin à côté de la route qui est très bien. C’est un peu bruyant… mais au moins vous êtes sûrs d’avoir de l’ombre ! »
Pas du genre à venir border ses pensionnaires le soir dans la tente, la Ginette ! Elle a tout de même bon cœur : l’eau des douches, c’est sa tournée (c’est elle qui paye et elle le fait bien savoir).
Un soir, j’avais raccompagné Miguel à son camping. (Il m’avait proposé un petit concert privé de guitare sous la tente.) Après une demi-heure de grimpette (le terrain de camping est situé sur les hauteurs de la ville), nous sommes enfin arrivés à destination. Mais, sitôt les premiers corps-à-corps échevelés (heu, je voulais dire « sitôt les premiers accords achevés »), la voix stridente de la gardienne de camping est venue interrompre notre petite sauterie : « C’est pas bientôt fini ces jérémiades ? » Du coup, Miguel a dû remballer la marchandise plus tôt que prévu.
Décidément, dur dur d’être un campeur ! Entre le vrombissement des pots d’échappement, le cricri des cigales, le cri des campeuses en rut et les hurlements de la gardienne de camping qui regrette de ne pas avoir ouvert plutôt un minigolf, difficile de ronfler « tranquillos » au camping !
De toute façon, quand on part en camping, c’est pas pour rester sous la tente, non ?
© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com
Christophe
Comme à chaque fois, à la vue d’une nouvelle nouvelle de Karen, je m’assoie, je mets mes lunettes et je me marre 5 minutes à la voir jouer avec les mots. A chaque fois, ça me fait la journée =) Bravo et à la prochaine!
Karen Platel
Merci Christophe. Je suis flattée. J’adore faire rire les gens, alors je suis comblée si ma chronique a pu te faire sourire.
Delphine Christophe
Comme c’est joliment écrit ^^. Ça m’a donné envie de faire du camping!
« Qui ne tente rien ne va pas au camping » cf les jeux de mots d’Auguste Derrière :))))
Karen Platel
Merci Delphine. Tu es toujours fidèle au rendez-vous de mes chroniques. Bon camping alors ! Tu me raconteras tes aventures. 🙂