L’Enfant aux deux visages de Jean-Louis Viot

L’Enfant aux deux visages est un roman qui marque, qui trouble, qui interroge. Il suit trois trajectoires fragiles — Yasmine, revenue d’Inde pour retrouver son fils ; Clémence, aide-éducatrice déchirée entre loyauté et lucidité ; et Dipak, enfant insaisissable, autiste, né en France de parents originaires du Tamil Nadu, en Inde du Sud-Est. Tous trois avancent avec leurs contradictions, leurs failles, leur part d’ombre.

Le roman explore la frontière ténue entre affection, responsabilité et culpabilité, et s’ancre profondément dans l’intime, là où se mêlent lumière et obscurité. Sa construction, progressive et maîtrisée, permet d’entrer dans la psyché des personnages, dont les trajectoires se déplient en miroir jusqu’à leur rencontre, créant une tension émotionnelle constante. On chemine dans les zones de doute, d’attachement, de peur, d’amour sans jamais que l’auteur n’explique trop. Il laisse l’émotion apparaître d’elle-même : on ne lit pas une démonstration, on accompagne des vies en mouvement.

La maternité y est abordée avec finesse, loin des représentations idéalisées : vulnérable, éprouvée, parfois défaillante, mais toujours portée par l’amour et la responsabilité. La psychologie féminine est rendue avec une précision émotionnelle remarquable, exprimant la complexité des liens maternels, la puissance du manque et l’ambivalence des sentiments.

L’écriture, sensible et précise, attentive aux regards, aux gestes, aux silences, donne au récit sa justesse. Dipak, au centre du roman, demeure à la fois inquiétant, énigmatique et bouleversant. La représentation de son trouble psychique est nuancée : l’auteur sait suggérer l’innommable, ce qu’on ne peut ni expliquer, ni comprendre entièrement, ni écarter. Ce non-dit nourrit la tension.

À cela s’ajoute une dimension culturelle — Chennai, Dieppe, Paris — qui apporte au roman une texture vivante, sans exotisme factice.

Enfin, la question morale — parler ou se taire ? protéger ou dénoncer ? aimer ou se préserver ? — soutient la tension du récit et porte l’histoire vers une réflexion plus large sur la responsabilité et les limites de ce que chacun peut porter seul.

La tension dramatique progresse jusqu’aux scènes clés, maintenant le lecteur en alerte émotionnelle. Les dernières pages ne cherchent pas à conclure, mais à laisser résonner. Le roman se termine comme la vie : sans conclusion définitive, mais avec une empreinte durable.

© Karen Platel – Conseillère littéraire, services éditoriaux – www.redacnet.com

368 pages A5 – ISBN : 978-2-494484-18-4 – 18 euros

L’enfant aux deux visages est disponible aux éditions Les Mots de plume :

  • Leur page Facebook : ICI
  • Leur adresse mail : lesmotsdeplume.dieppe@gmail.com
  • Ma chronique sur le précédent roman de Jean-Louis Viot, Immortelle  disparition de Jean-Louis Viot, à découvrir ICI 
  • Conseil littéraire, création graphique, mise en page, suivi éditorial : RédacNet. Merci à Jean-Louis Viot et aux éditions Les Mots de plume pour leur confiance sans cesse renouvelée.  

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