Hommage aux rescapés du réveillon de la Saint-Sylvestre !

Hommage aux rescapés du réveillon de la Saint-Sylvestre !

Si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes sain et sauf ! Vous n’avez pas péri enseveli sous une avalanche de serpentins. Vous ne vous êtes pas brisé le col du fémur en glissant sur un cotillon récalcitrant. Vous ne vous êtes pas étouffé avec un confetti. Vous n’avez pas perdu un œil à cause d’un pétard ou d’un bouchon de champagne. Vous ne vous êtes pas fait une entorse du haut de vos Stilleto de quinze centimètres. Vous ne vous êtes pas éventré sur le couteau à huîtres. Vos tympans sont intacts (ou presque) malgré La Compagnie Créole à 180 décibels et la trompette en plastique de votre voisin de table. Vous avez échappé aux chauffards alcoolisés sur les routes…Bref, vous avez survécu au réveillon du Jour de l’an… Youhou ! Ça donne envie de fêter ça, non ?

Si tout va bien, vous êtes cerné, défait, barbouillé, fracassé, démonté, éclaté, enrhumé, cassé, crevé, éreinté, déchiré, torchon, chiffon, carpette… Vous êtes déprimé (parce que c’était trop génial et qu’il va falloir attendre l’année prochaine pour remettre ça), voire dégoûté (parce que vous n’avez pas bien digéré le coût de la soirée de réveillon) et en plus… FAUCHÉ. Si ce n’est pas le cas, c’est que vous n’avez pas festoyé comme il se doit le soir du 31 décembre. Vous n’avez pas réussi à vous faire inviter par ci ou à vous incruster par là. Vous vous y êtes encore pris à la dernière minute pour réserver dans les restos… Et le seul qui a bien voulu de vous pour l’occasion, c’est votre poste de télé !

Il faut suivre un entraînement intensif pour être capable d’enchaîner en douceur Noël ET Nouvel An. Et dire qu’il ne se passe rien le reste de l’année et qu’en l’espace d’une semaine on ressort deux fois la panoplie pour faire la fête. Je voudrais d’ailleurs exprimer toute ma solidarité féminine à celles qui, parce qu’il faut être glamour le soir du réveillon, sont sorties dans la nuit noire et glacée en petite robe décolletée perchées sur des nu-pieds de douze centimètres et qui, aujourd’hui, me lisent du fin fond de leur lit… Observons une minute de silence afin de leur rendre hommage…

(Minute de silence.)

Quelle idée aussi de sortir comme ça en plein hiver ! Mais vous avez vu les tenues de réveillon qu’on nous propose dans les magasins ?!!! De la nuisette à paillettes, de la robe décolletée en veux-tu en voilà, de la minijupe en mousseline ou en dentelle, du bustier en satin… Il vaut mieux ne pas être frileuse ! Avouez que ce n’était pas la peine de passer deux heures chez le coiffeur, une heure devant le miroir pour se faire un smocky eyes dans les règles de l’art, sans oublier le masque contour des yeux suivi du baume défatiguant appliqué l’avant-veille des fêtes, et le petit gloss qui va bien… tout ça pour grelotter comme une pauvre fille toute la soirée, le visage congestionné par le froid, dans la veste caca d’oie d’un soldat voisin de table inconnu. Du coup, le petit décolleté ravageur que vous aviez prévu pour l’occasion est resté au vestiaire. Finalement, un petit pull à col roulé à paillettes enfilé dès le départ, aurait très bien fait l’affaire !

Et puis, chaque année c’est la même chose : on se prépare un mois avant physiquement et psychologiquement à faire la fête et, quand arrive le soir du 31 décembre, on n’a plus du tout envie de sortir parce qu’on est crevé ! Mais qu’attend le gouvernement pour mieux répartir les fêtes durant l’année ?! Pourquoi avoir instauré le réveillon en décembre, si près de Noël, alors que c’est la période de l’année où on est le plus fatigué ?

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Illustration Jean-Marc Garino

Finalement, les réveillonneurs en charentaises ne s’en sont pas si mal tirés. Au moins, eux, ils ont mangé à leur faim. Ils n’ont pas eu à débourser 250 euros (ambiance en sus !) pour trois coquillages pas frais, deux toasts au foie (bien) gras et une mini-bûche cristallisée tout droit sortie du congélo. Le tout finement parsemé de confettis. Sans oublier, le joli petit chapeau pointu turlututu en carton, accessoire indispensable d’un réveillon réussi, compris lui aussi dans le prix. (Décidément, tout augmente, même le carton.)

Ils n’ont pas eu à faire la conversation à de parfaits inconnus qu’ils ne reverront pas le reste de l’année. Ils ne se sont pas farci les gamins surexcités desdits inconnus. Ils n’ont même pas eu à faire la queue dans le froid devant la discothèque, tandis que sonnaient les douze coups de minuit. Ils n’ont pas mis leur vie en péril, si ce n’est au moment de l’ouverture des huîtres. Ils ont gentiment passé la soirée au chaud dans le canapé tandis qu’Arthur et ses acolytes en nœud pap s’agitaient à la télé dans un décor en neige artificielle. Ils sont sagement allés se coucher sitôt le « bonne année » prononcé en chœur par nos animateurs télé préférés avec un léger différé d’un mois et demi* (qu’ils n’ont pas entendu d’ailleurs du fait qu’ils se sont endormis avant…).

*À l’heure où je vous parle, Arthur a déjà probablement enregistré les émissions des dix prochains réveillons du 31 décembre !

De toute façon, rassurez-vous, ce n’est pas parce que vous n’êtes pas sorti le soir du 31 décembre que vous avez raté votre réveillon. Ce n’est pas parce que vous avez raté votre réveillon que vous allez forcément rater votre année (l’inverse est valable aussi). Et puis, ce n’est pas parce que c’était le réveillon qu’il fallait absolument s’amuser. Sur ce, je crois que je vais aller me recoucher…

 Au fait… Bonne année !

Et vous est-ce que vous vous êtes bien mis minable amusé le soir de la Saint-Sylvestre ?

 Attention, faire la fête nuit gravement à la santé ! 😕

© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com

 

 

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5 Commentaires
  • Oui, très bien résumé.
    En définitive, les fêtes de fin d’année c’est un sacré parcours du combattant…
    A honorer avec modération !

    5 janvier 2014 à 11 h 51 min
  • mumu
    Répondre

    finalement j’ai survécu moi aussi !! mais j’étais bien entourée….

    5 janvier 2014 à 12 h 16 min
  • Jean Claude Poledri
    Répondre

    Pour les réveillons, il y a quelques règles simples qui aident un peu. D’abord, le réveillon de Noël est réservé à la famille, il se passe souvent à la maison et permet aux anciens, de côtoyer les jeunes. Donc, réveillon la fête ( la teuf), le lendemain la diète.
    Le réveillon du jour de l’an, est réservé aux amis. Les jeunes vont s’éclater entre eux.
    Certains hélas, s’éclatent dans les platanes au bord des routes en revenant. La règle est la même : Réveillon la fête, le lendemain la diète. Vous noterez que : Comme Victor Hugo assis sur son pot, je fais des vers sans en avoir l’air, le plus fort, c’est que j’en fais encor.
    J’ai beaucoup aimé votre hommage aux rescapés du réveillon de la saint Sylvestre.
    J.C.

    5 janvier 2014 à 12 h 42 min
  • C’est vrai que j’aurais bien besoin de deux semaines de vacances supplémentaires pour me remettre de cette période. Mais bon, je ne me plains pas trop, je n’ai pris que 500 grammes environ. Ceci étant, retour aux haricots verts et au jambon, dès aujourd’hui !

    6 janvier 2014 à 10 h 18 min
  • Christophe P
    Répondre

    Encore une nouvelle de Karen qui synthétise tous nos souvenirs, nos frustrations, mais aussi nos joies (quand même!).
    Cette année, on a fait une fête à tout casser chez nous, parents et enfants, avec musique à fond (on a le droit), pétards cotillons (qui a fallu ramasser, et il en reste toujours un ou deux qui survivent à l’aspirateur), Champomy et feux d’artifices (de Gifi) dont je laisse le soin aux voisins de ramasser les cadavres.
    De mémoire, je ne me suis jamais autant amusé! Bonne année!

    6 janvier 2017 à 21 h 40 min

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